« LA BATAILLE DE SANTIAGO » OÛ COMMENT EST NÉE L'IDÉE DES CARTONS.

Non, non vous ne rêvez pas, ce nom est bien celui donné à un match de football. 1962, Chili, en pleine Coupe du Monde, le match opposant le pays organisateur et l’Italie reste surement à ce jour comme le plus violent de l’histoire du football.

Comment cet événement a permis la conception des cartons jaunes et rouges ?

Contexte.

Quelques jours avant le coup d’envoi du match, deux journalistes italiens sont sur place pour couvrir l’événement. Seulement ces derniers ne se gênent pas pour décrire sans complexe leur vision du Chili. « Les téléphones ne marchent pas, les taxis sont aussi rares que les hommes fidèles et la population Chilienne est sujette à la malnutrition, à l’alcoolisme et à la pauvreté. Des quartiers entiers sont réservés à la prostitution. […] Le Chili est aussi sous développé qu’un grand nombre de pays asiatiques ou africains. Les habitants de ces continents ne sont pas en progrès, mais en régression. […] Ce pays et son peuple est fièrement attardé. »

Vous l’aurez compris des propos plus que dégradants et qui vont provoquer la colère des chiliens « fièrement attardés ».

Les journalistes locaux vont à leur tour se permettre donner leur avis sur le pays européen en les insultant de « mafieux fascistes et de toxicomanes ». Des accusations faisant référence au scandale de dopage en Italie à cette époque.

Bref, une bonne ambiance plane autour du stade au moment de donner le coup d’envoi.

Le match.

Décrit par beaucoup comme le match le plus violent du siècle voire de l’histoire, la rencontre opposant le Chili et la « Squadra Azzura » ne reste pas dans les mémoires pour le score mais pour l’intensité et les intentions belliqueuses des deux équipes.

À l’époque, D. Coleman, présentateur sur la BBC introduit la diffusion en différé en prévenant les téléspectateurs. « Le match que vous allez regarder est la plus stupide, la plus effroyable, la plus répugnante et la plus honteuse démonstration de football ».

Au milieu de 66.000 spectateurs, les Italiens rentrent sur la pelouse sous les sifflets et la première faute est commise au bout de sept secondes, les intentions sont claires. Evidemment les cartons n’existent pas et les expulsions sont rares à cette période. Pourtant durant le match deux joueurs seront exclus et un refusera même de sortir, il sera escorté par la police locale.

Coup sur coup, riposte contre riposte, les Chiliens comme les Italiens ne faiblissent pas et refusent de calmer le jeu, au contraire ils l’enveniment. Les images suffisent pour illustrer la violence inouïe qui se dégage de cette rencontre.

L’invention des cartons.

« Je n’arbitrais pas un match de football mais je devais gérer une manœuvre militaire » C’est ce que déclara plus tard l’arbitre Anglais de la rencontre K. Aston. Créateur de l’idée des cartons jaunes et rouges, K. Aston sûrement prit « La bataille de Santiago » comme exemple. Cependant d’où lui est réellement venue l’idée ?

Lors de l’édition suivante en Angleterre, un match oppose le pays organisateur et l’Argentine. Le capitaine argentin est exclu mais refuse de sortir. K. Aston dans les tribunes est abasourdi, la situation est la même que quatre ans auparavant et aucun système n’a été mis en place pour indiquer aux joueurs de quitter la pelouse.

Ce n’est seulement que sur le chemin du retour, après le match, que l’arbitre anglais trouve une idée. Il s’inspire des feux de signalisation qui permettent aux voitures de s’arrêter ou non pour adapter cela dans le football. Jaune pour l’avertissement, rouge pour l’exclusion, un langage universelle que tout le monde peut comprendre. La FIFA est ravie et quatre ans plus tard, les cartons sont utilisés pour la première fois lors d’une Coupe du Monde.

Lors du match de phase de groupe, opposant le Mexique et l’Union Soviétique, le premier carton jaune d’une longue série sera dégainé par l'arbitre allemand K. Tschenscher.

Source : Wiloo, LeCorner, Wikipédia, Europe1, Linternaute.

Tibor Turpin